L’INCONSCIENT FAIT ECHEC À LA « D’HOMMESTICATION » DU DISCOURS ANALYTIQUE !

« L’incompétence de la psychologie en matière de logique, et l’usurpation qu’elle commet quand elle essaie de s’ériger en théorie de la connaissance, se révèlent par son impuissance à découvrir et à justifier un critérium de la vérité. Elle ne sait expliquer les vérités nécessaires et les principes rationnels qu’en alléguant « l’inconcevabilité de la négative ». Par exemple, on croit justifier le principe de contradiction par l’impossibilité de fait où nous sommes de penser simultanément deux propositions contradictoires. Mais une telle justification est d’abord, et en tout cas, insuffisante (…). Et de plus elle est fausse, car des pensées contradictoires peuvent fort bien coexister dans le même esprit ; il faut bien penser la contradiction, quand ce ne serait que pour la nier et la réfuter. » (Louis COUTURAT. Leçon inaugurale au Collège de France 8/12/1905).

 « Le scientisme voit dans la science une source de réponses simplistes, de solutions finales, comme on disait avant qu’Hitler ne donne un sens second à l’expression. En oubliant que les indéniables avancées scientifiques sont aussi source de complexification. (Jean-Yves GIRARD. Le fantôme de la transparence).

« En fait, l’objectivisme et le subjectivisme se rejoignent paradoxalement…Pour éviter le subjectivisme, il faut donc accepter la dimension subjective de la « réalité ». (Jean-Yves GIRARD. La logique aujourd’hui).

La psychanalyse ne sert à rien ! Rien, soit ce luxe qu’est « le défaut de rapport sexuel », pourvoyeur du « plus de jouir » ! C’est en cela que réside son pouvoir de guérison. Elle prend appui sur le symptôme, pour démystifier la fonction de contestation et de refus que celui-ci oppose à ce défaut -essentiel à la subjectivité-, mais difficilement acceptable par les conceptions humanistes, de diverses obédiences, qui prétendent l’éradiquer en immunisant contre l’inconscient.

Tous les « parlêtres », sans exception, -même ceux qui sont diagnostiqués « psychotiques » par la psychiatrie et la psychopathologie classiques-, partagent le signifiant, en tant qu’il instaure de manière irréversible et irréductible un écart constant entre lui et le signifié. Ils différent lorsqu’il s’agit de reconnaître leur dépendance à son endroit : certains l’acceptent et le considèrent comme un enrichissement, d’autres le récusent et le refusent catégoriquement, ne voulant rien entendre de ce qu’ils interprètent comme étant une tare, destinée à disparaître, grâce aux progrès de la science et de l’humanisme, « programmés » en quelque sorte à en finir avec la structure du signifiant, dont il faut s’émanciper. Cette conception réifiante du progrès, déjà mise en œuvre par des « révolutionnaires », a débouché sur des horreurs institutionnelles et sociales, dont on vit de nos jours le contrecoup réactionnaire.

Tous les parlêtres –tout comme « chaque un » d’entre eux-, sont soumis à l’insaisissabilité radicale et définitive du réel, induit par l’écart issu du signifiant. Ils sont, pour cette raison, obligés de produire des fictions, des théories (S2), qui sont loin d’être équivalentes, malgré le partage d’un même et nécessaire fondement (S1). Il y a des différences fondamentales entre elles, qui concernent précisément la valeur accordée à ce dernier et à ses effets. Certaines intègrent l’impossibilité d’accéder à la plénitude et à la complétude, en raison de la structure du signifiant et de la castration symbolique, qui lui est congruente. D’autres refusent et se refusent à celles-ci, en les méconnaissant, voire en les excluant plus ou moins violemment.

Aussi, si la psychanalyse n’existe pas en soi du fait même du primat qu’elle accorde au signifiant, il n’en demeure pas moins que le discours analytique existe bel et bien, au point que LACAN a pu le formaliser sous la forme d’un mathème, dont l’écriture circonscrit la place d’agent de l’objet a (qui détermine celle des autres constituants), laquelle place procède et sous-tend en même temps le rapport dialectique entre S2 et S1 ( pas de S2 sans S1 et vice versa). C’est à partir de telles explicitations que le risque de verser dans les slogans réifiants peut être évité, et que la propension à l’illettrisme, comme résistance au réel, peut se voir quelque peu réduite.

Prendre en compte la dimension du réel, issu du symbolique, ne signifie pas la maîtriser, ni la domestiquer, puisqu’elle ne cesse pas d’indiquer la persistance constante d’une inadéquation, utile à féconder les conceptions existantes, sur cette base même. Le réel est identifié à cette inadéquation et repéré grâce à elle, qui fait échec aux tentatives qui prétendent le maîtriser. En effet, comment maîtriser ce qui échappe, et qui est radicalement inflexible ?

L’impossible disparaît dans sa subsomption par le possible, comme l’abstrait dans le concret (cf. MARX dans son analyse du rapport entre la V.E et la V.U). C’est cette disparition-absence (et « ab-sens ») qui le rend sans cesse opérant, et concrétise le principe de présentification de l’absence en tant qu’il n’exclut plus le tiers, insaisissable en soi. Grâce au signifiant, le parlêtre (négation de l’être, le « non-être ») concrétise en objectivant par métaphorisation, ce qui lui échappe irrémédiablement, et qui se voit subsumé par ce qu’il produit et induit, en tant qu’il demeure toujours absent et de ce fait, opérant. C’est sur la base de l’oubli, de la méconnaissance et du refoulement de ce principe structural, que l’illettrisme récuse et refuse d’intégrer l’essentiel de la métapsychologie freudienne, notamment la théorie du Vorstellungsrepräsentanz (représentant de la représentation). Il s’agit d’opposer aux assauts de l’illettrisme l’ordre symbolique qu’il tend à démentir, alors qu’il en procède, et de mettre en valeur le sujet, issu de la négation de l’être et nécessaire au moi, pour remettre la castration à sa juste place, afin d’en jouir, c’est à dire de réussir à nouer RSI grâce au vide.

Réintroduire la dimension du vide, de l’écart pour se la réapproprier, revient à se laisser déposséder de ses illusions, savamment entretenues par le moi, qui peut le vivre comme une offense, voire un outrage, d’autant plus que le confort qu’il recherchait était « illusoirement » gagné, assuré par l’aliénation sociale, qui aggrave et consolide l’illettrisme en mettant davantage à mal (mâle) l’aliénation signifiante ou symbolique. Il faut du temps et du travail, fondé sur un discours pertinent et rigoureux, pour comprendre que la récusation de l’impossible comme idéal de l’émancipation, s’avère être une feinte fomentée par le moi pour garder en respect le sujet.

Le débat, la dispute inhérents à une conflictualité, fondée sur l’inadéquation dont je parlais, permet d’éviter la sclérose intellectuelle, qui, en « diabolisant » les tenants du vide et de l’échappement, tombe dans les ornières de la religion, pour laquelle l’assomption de l’hérésie de l’inconscient et la confirmation de la condition de dupe que ce denier engendre, sont insupportables et insoutenables, d’autant plus que maints adeptes de théories aliénistes, se déclarent voués à une œuvre de « salubrité et de santé publiques » envers des « malades » devant être sauvés du « troumatisme », provoqué par le défaut de rapport sexuel. Ainsi, ces derniers peuvent-ils recouvrer leur entité unifiée, leur être, même si la structure subjective s’en trouve transgressée.

L’illettrisme promeut la « dédialectisation réifiante », sinon une dialectique « réaliste », exclusive de la présentification de l’absence. Il met en oeuvre cette « temporalité spatialisée, qui ignore l’existence possible(…) d’une évolution créatrice. »(Joseph GABEL Etudes dialectiques), relègue le concept d’inconscient à la déchéance et renforce l’illusion d’une réalité préexistante et préétablie, dont l’objectivité et le caractère extrinsèque feraient échec au primat du signifiant, et préserveraient de la subjectivité, considérée comme une source d’erreurs et de méprises, compromettant ainsi la maîtrise du réel. Aussi, le recours ultime de ce genre d’illettrisme, consiste-t-il à faire appel à un métalangage, dont les conséquences funestes déboucheront sur un fétichisme objectal, renforçateur des idéologies ontologiques mystificatrices, servies par des charlatans, dont la cabale battra son plein, pendant que le capitalisme tentera de parer à sa décadence, en aggravant davantage la ghettoïsation, la discrimination et l’épuration pour mieux faire échec à la négation , qui fait désordre dans le consensus orchestré par la « fausse conscience » (Joseph GABEL), foncièrement rétive à la dialectique moebienne, qui articule et noue par le vide, les dimensions mises en jeu dans toute conception, dès lors susceptible de rectification quant à la confusion et à l’obscurantisme qu’elle peut drainer.

« La dialectique, affirme J. GABEL, c’est le contraire de la schizophrénie », qui pousse à son paroxysme la réification, jusqu’au « rationalisme morbide » (E. MINKOWSKI), lequel fait de la conscience de soi et de l’identité imaginaire un usage absolutiste, mettant en défaut l’aliénation signifiante, qui fait valoir le sujet comme négation opposée à ce dernier, permettant par là même de le démystifier, malgré le soutien apporté par le fantasme, dans sa quête objectale, prédicative et conjonctive.

La logique signifiante, inhérente à la dialectique moebienne, assure l’unité de la diversité des propositions et conceptions. La « liberté d’esprit » ne peut procéder que du primat du signifiant et de la structure de ce dernier, qui subvertit et bouleverse l’ordre de causalité auquel la raison classique est attachée, dès lors qu’elle exclut la négation propre à l’inconscient, même si elle s’en empare par ailleurs, à grand renfort de slogans plus ou moins spectaculaires. La dissimulation de la réification par ce genre de stratagèmes plus ou moins pervers, affaiblit la dialectique moebienne en tant qu’elle tient aux différenciations dont le caractère nécessaire, permet de mettre au jour le « dénominateur commun », qui les fonde tout en leur échappant, c’est à dire, tout en les dépassant et en les transcendant, au point de leur conférer une parenté essentielle, qui n’élimine pas leur distinction. Ainsi, la différence légitime l’UN de l’ « unarité » (LACAN), qui réunit en intégrant la diversité (l’hétérogénéité), et favorise la mise en continuité de la différence locale avec l’identité globale, sans exclusion de part et d’autre.

Cette logique rompt avec le psychologisme et le matérialisme vulgaire, réducteurs et simplistes, toujours gros de fascisme et d’exclusion totalitaire, dès lors que le signifiant est mis en avant. C’est pourquoi il est indispensable d’expliciter certaines formulations, propres au D.A, qui ont été ravalées au rang de slogans ineptes, comme le « un par un », ou le « cas par cas », devenus des équivalents de l’individualisme solipsiste et abstrait des théories psychologiques, hermétiques à toute dialectique moebienne, qui, en mettant en œuvre l’unarité, fondamentalement différente de l’unité psychologique en soi, et fondée sur la division subjective, réussit à mettre en valeur la singularité, porteuse de négation au service du sujet et renvoyant à l’aliénation signifiante.

Choisir sous la férule d’un moi, -peu soucieux du sujet, alors qu’il lui est impérieux- un discours, peut nous pousser vers des voies périlleuses dans lesquelles « la fausse conscience » trouve en apparence son compte, malgré les méfaits réificationnels engendrés. L’histoire des parlêtres est riche de périodes pendant lesquelles ces derniers ont eu lieu. Les lectures proposées de ces méfaits sont différentes. Elles engagent des logiques dont les bases devraient pourtant se rectifier au fur et à mesure que ces méfaits dramatiques se répètent inlassablement. (Cf. la lettre adressée par EINSTEIN à FREUD : « Pourquoi la guerre ? ».

Cette « chronicisation » -rencontrée aussi bien dans les institutions aliénistes- procède d’efforts « surhumains » visant à maintenir l’exclusion de la dimension du vide dont l’efficace procède de son absence définitive et constante, laquelle produit des effets manifestes, qui le métaphorisent. La réification, consolidatrice de la fausse conscience et renforçatrice de l’aliénation sociale qui ne souffre pas la subjectivité en tant qu’elle est porteuse d’une négation qui menace ses mystifications, pousse à l’illettrisme en s’appuyant sur la complicité d’un moi qui, dans les pires moments, recourt et se réfugie dans la morale pour se dédouaner, même si par ailleurs la culpabilité fait rage. Cette réification entretient le sado-masochisme et accroît son déchaînement dans l’histoire des sociétés humaines, mondialisées et globalisées par un mode de production capitaliste, de plus en plus générateur de réactions mortifères. Le retour en force de l’aliénisme, source d’illettrisme par exclusion de la négation cristallisant l’inconscient et le vide, révèle assez bien les tendances totalitaires et fascisantes d’un matérialisme vulgaire et empirique, qui se résume, lorsqu’il s’agit d’aborder la subjectivité, à l’invocation de formules réductrices et erronées rappelant celle-ci par exemple : « le cerveau sécrète la pensée ou les idées, comme le foie sécrète la bile » !

Alors que l’objet a (cause du désir) est réfractaire et rétif à l’emprise de la causalité qui prévaut ailleurs, dans d’autres domaines, cela ne décourage pas les « soldats » de la réification à entreprendre la transposition d’une méthode jugée efficace, de manière absolue et universelle.

L’adaptation grandissante de cet illettrisme à la réification mondiale galopante produit une arrogance de plus en plus tyrannique, qui sied à tous les tenants de l’hégémonie de « l’hommosexualité », intolérants à toute trace de féminité (qu’ils confondent avec le sexe anatomique-matérialisme vulgaire oblige-) qu’ils « s’évertuent » à épurer, que ce soit par le recours à la science et à ses prescriptions, ou bien par le retour à des commandements religieux.

La logique sur laquelle repose le savoir promoteur de l’illettrisme est renforcé par la réification de l’aliénation sociale, qui organise les rapports sociaux de sorte que la moebianité reste inouïe, malgré les symptômes que présentent de plus en plus d’individus, en délicatesse avec la subjectivité, et qui ne trouvent pas d’écho dans les institutions aliénistes, d’autant qu’ils ont eux-mêmes du mal à s’émanciper de leur idéal réifiant (objet réifié + déliaison de la V.U par rapport à la V.E = rejet de la moebianité + exclusion du « plus de jouir »).

L’aliénisme tend à réifier le D.A pour mieux participer et consolider l’aliénation sociale qui, en retour valorise de plus en plus les savoirs exclusifs de la négation, comme la psychologie et la psychiatrie, toujours prêtes à phagocyter et à « vampiriser » le D.A , afin que rien ne leur échappe et surtout, que la lecture qui met en œuvre la logique moebienne, très menaçante pour les théories ontologiques destructibles, car tributaires du signifiant malgré tout, soit définitivement éliminée.

La réification, commandée par le discours capitaliste pour dissimuler au mieux la plus-value et le processus d’exploitation qui la produit, encourage l’illettrisme par le biais de savoirs et d’appels à une érudition, accroissant l’impensé concernant l’ex nihilo. L’objectif poursuivi, consiste à délier les productions qu’elle génère, de la signifiance qui, avec toutes ses conséquences, leur demeure constamment implicite. Dans un tel contexte, recourir à l’inconscient ne signifie aucunement mettre en oeuvre sa conception freudienne. Celle-ci peut d’autant plus être évacuée que la domination des théories humanistes réificationnelles, obnubilées par l’obturation du vide et de l‘écart signifiant, est sans partage ni scrupule, notamment dans les institutions gérées et dirigées par des chefs de file de la « folie de guérir ». Pourtant, l’impensé est mis à contribution par la clinique : les formations de l’inconscient montrent quotidiennement leurs aptitudes à rendre impossible la guérison par obturation du « troumatisme », du défaut structural, dont elles ne cessent de témoigner, et dont la prise en compte peut s’avérer féconde pour tous les « parlêtres », qu’ils soient, comme on doit, soignants ou soignés.

Les convertis aux idéologies ontologiques réifiantes, qu’ils confondent allègrement avec le D.A, se montrent très inhibés quant à l’intégration de la logique moebienne pour lire correctement les « ruses de la raison » classique, qui se révèlent particulièrement dans des rapports de causalité. Ils se refusent, par exemple, à admettre que c’est de la conséquence que procède l’antécédence, qui la confirme après coup. (S2   S1   S2 ……). La négation, soutenue par le défaut structural (le vide), s’oppose radicalement à toute obturation, même lorsque cette dernière est confondue et identifiée à la guérison. Mobilisée par le signifiant, la négation impose « qu’il n’y a pas d’universelle qui ne doive se contenir d’une existentielle qui la nie ». (LACAN. Encore). Elle articule l’existentiel et l’universel en accordant le primat au premier en tant qu’il est porteur de négation « singularisante », sans pour autant éliminer le second, qui la met en évidence. Ainsi il est confirmé que le sujet est fondé sur une absence irrémissible d’être, quelles que soient les tentatives tentées par les moi(s) hypertrophiés, pour lui opposer un démenti, voire le censurer.

L’organisation de la censure par des chantres de l’illettrisme dans les institutions, vise à réhabiliter le simplisme causal, enfumé par une terminologie pseudo-analytique pour faire croire à une complexité. Or si complexité il y a, elle nécessite de faire appel à des modalités de lecture qui ne peuvent pas ne pas faire la part belle au signifiant. La méconnaissance n’épargne aucun parlêtre, qui peut se donner les moyens de l’élucider (cure) et d’en mieux mesurer les effets, à partir des symptômes dans lesquels elle est impliquée. Elle concerne ce qui ne cesse pas de s’écrire à partir de ce qu’elle cherche à éviter : ce qui ne cesse pas de ne pas s’écrire. Celui-ci est scellé une fois pour toutes, et récuse et rend impossibles toute prédicativité et toute prévisibilité, désormais soumises à la logique du signifiant, ouvrant alors un champ de possibles, incluant l’impossible pour mieux s’en soutenir. Autrement dit, toute conception s’appuie sur un schématisme qui rend manifeste le rapport nécessaire et particulier qu’elle établit et entretient entre l’imprédicativité, fondée et soutenue par l’impossibilité radicale d’abolir la signifiance, et la prédicativité qui, tout en prétendant la contester voire la supprimer, la contient immanquablement. Aussi est-ce de ce rapport là qu’émerge la contingence en tant qu’elle confirme in fine la structure du signifiant, de même que le défaut de rapport sexuel, qui affinent tous deux la catégorie de « parlêtre » et de sujet (de l’inconscient) pour s’affranchir de celle d’homme (genre), trop indéterminée et trop perméable aux effets prédicatifs provenant de théories fétichistes du moi. Ce fétichisme entrave et inhibe l’approfondissement de l’évidement des conceptions, initialement réfractaires à la négation en tant qu’elle « féminise » en réarticulant les rapports entre l’impossible, le possible, la contingence et la nécessité, à partir de la nouvelle place reconnue au vide comme base inaliénable de toute réalité, et ce, malgré la méconnaissance dont la persistance suscite la vigilance et la mise en œuvre constante du questionnement au service de l’évidement.

L’approfondissement de l’évidement, soutenu par un travail critique sérieux et créateur, usant de la négation mobilisée par l’articulation signifiante, ne requiert pas l’appropriation de connaissances, destinées à être apprises comme les autres, et dispensées par des maîtres, qui les incarneraient en même temps qu’ils les réifieraient, et disqualifieraient par là même le A barré.

La féminité, congruente de la contingence, fait partie intégrante de la structure subjective en tant qu’elle procède du signifiant, qui impulse et insuffle l’évidement comme mode d’interprétation (déconstruction/construction) faisant valoir la signifiance en lui restituant sa place fondamentale et nécessaire à l’émergence possible de constructions extensionnelles inattendues, confirmant le dépassement des théories ontologiques, naturalistes prétendant s’approprier le signifié, et s’engageant de ce fait dans des combats aussi violents que vains, tant la méconnaissance qui les anime est paroxystique. Ce type de théories et d’idéologies sert de croyances à tous ceux qui sont hostiles à la structure du signifiant, et sombrent dans des confusions et des amalgames dangereux, qui les conduisent par exemple à ne pas différencier et distinguer le vide du signifié, et à considérer l’évidement d’une construction et la mise en évidence du vide, comme une atteinte et une attaque contre leur moi et ses efforts d’obturation et de colmatage, surtout s’il amalgame la psychanalyse à l’importation de connaissances éclectiques, disparates et composites.

La féminité, par la mise en œuvre de la négation qui évide des croyances, est humiliante pour le moi, attaché à l’ « hommosexualité » et à la réification qu’elle engendre. Cette « hommosexualité » se manifeste de façon active dans les identifications réductrices et erronées de la féminité à « la condition féminine » ou à l’ « être femme », provenant de théories essentialistes, valorisant le « marqueur » anatomique et social, auquel se rajoute la psychologie avec ses correspondances intellectuelles et affectives, « universelles » et « scientifiques ».

La féminité, au sens freudien, est exclue en général des institutions qui refusent et se refusent à la signifiance, en tant qu’elle constitue la base légitime du dissensus, qui n’a plus rien à voir avec le recours aux idéologies gravitant autour du concept politique de démocratie, dont l’Histoire n’arrête pas de nous dévoiler ses significations, de jour en jour, plus funestes.

Etre digne du discours analytique, c’est porter et soutenir son éthique. C’est contrer tout ce qui peut mettre en péril la signifiance, d’abord sur le plan clinique, et ensuite sur le plan du fonctionnement institutionnel général, en « déraisonnant » la raison officielle et réificationnelle, qui vise à accroître l’impensé proportionnellement à la méconnaissance instaurée par des croyances idéologiques, soucieuses d’en finir avec la signifiance. Celles-ci impulsent une gouvernance favorable aux diktats qui la consolident. En retour, elles confèrent encore plus de pouvoir à ceux qui oeuvrent et manoeuvrent pour augmenter les obstacles et les entraves quant à la mise au jour de ce qui ressortit à la structure signifiante et subjective.

Des divergences de façade servent à consolider l’impensé et la méconnaissance qui « font le lit » de l’incompétence, laquelle fait groupe, voire masse pour que le « discord », inhérent au signifiant, ne se fasse pas entendre et que sa portée soit définitivement anéantie, au détriment du sujet, déshonoré et appelé à vivre des temps encore plus difficiles avec les « progrès » de la réification. Le « discord », écartant le signifiant de tout signifié, est censé créer une alliance autour de lui, dès lors que le symptôme est soumis à une lecture qui implique et mobilise une raison et une causalité autres que celles qui ont cours dans les théories consolidatrices de la méconnaissance, et sur lesquelles s’édifient des institutions « fossilisées » autour de savoirs sclérosés, fondamentalement inaptes à soutenir une quelconque sublimation, suscitant des métamorphoses de significations, confirmant par là même la structure et la fonction signifiantes. Ce discord implique en effet l’échappement qui, parce qu’il est commun à tous les parlêtres, les identifie tous en même temps qu’il garantit leurs différences et leurs divergences quant à la restitution de la signifiance, laquelle détermine sans cesse la diversité et la multiplicité des constructions, qui la matérialisent et la métaphorisent. Cette matérialisation/concrétisation attendue de la signifiance est très souvent méconnue, refoulée, voire censurée par des conceptions, largement « minées » par la réification idéologique, qui s’érigent et s’imposent d’autant plus facilement que la signifiance n’est pas saisissable immédiatement, restant implicite, en facilitant ainsi ses substitutions fictionnelles.

L’évocation, et surtout l’invocation de la polysémie et de l’équivocité, signifient que toutes deux incluent et contiennent la négation, dont une des caractéristiques principales consiste à battre en brèche l’univocité sémantique, renvoyant par là même à l’écart spécifique de la structure du signifiant. Le « discord » qui en résulte, renforce la dimension de l’impossible, nécessaire à la « compactification du vide » comme à l’émergence du possible, définitivement libéré de l’illusion de maîtrise du signifié. Cet affranchissement permet de « mi-dire » la vérité, qui se définit comme éternellement « pas toute », en congruence avec la féminité, qui est propice à l’aléatoire, à l’insolite, au probable, au vraisemblable, lesquels font déchoir les prédictions faisant appel à la raison et à la logique classiques, dont l’obsession bilatère la rend réfractaire à l’inconscient, en tant qu’il implique l’unilatère. Alors que bon nombre de théories, notamment médico-psychologiques (cf. la Psychothérapie institutionnelle) n’hésitent pas à invoquer et à annexer la psychanalyse, sans se gêner d’exclure l’unilatère et la causalité qu’il définit et impulse, aboutissant à une articulation dialectique inédite avec le bilatère, qui s’avère nécessaire, mais insuffisant pour rendre compte de l’inconscient. Le pervertissement du D.A atteint son apogée lorsque la psychanalyse est invoquée comme moyen de se prémunir contre l’inconscient et sa logique spécifique !

Evider le bafouillage médico-psychologique lorsqu’il est question d’inconscient implique, dans une institution respectueuse du D.A, une union intégrant la séparation, à partir de laquelle s’engage concrètement l’évidement de toute théorisation, dont la domination, voire l’hégémonie ne tiendra qu’à son pouvoir (vain) d’éliminer la signifiance. Cette modalité d’union qui se distingue profondément d’un fonctionnement groupal, participe à une relative désaliénation sociale, fondée sur l’aliénation symbolique, qui se renforce et se consolide grâce à la variété et à la richesse de lectures, qui génèrent des conceptions dans lesquelles la signifiance est remise à sa place. Ainsi, les différentes dérives ontologiques, toujours possibles, peuvent être déconstruites sans pour autant qu’elles revêtent la signification d’une action mortifère, si l’infatuation moïque venait à en souffrir. Le groupe se libère de l’asservissement au moi et de ses tendances à imposer une fétichisation sphérique et paranoïaque, qui s’accentue avec l’adhésion à des conceptions réifiantes et pathogènes, voire mortifères pour le sujet, comme celles qui débouchent sur la ségrégation (racisme et anti sémitisme en particulier). Ce symptôme montre comment le rejet de l’altérité en jeu dans la subjectivité résonne et s’amplifie avec celui de la différence sur un plan socio-politique, lorsque des idéologies tentent de mettre à mort la parole et d’anéantir l’aliénation signifiante que celle-ci instaure, à travers l’échange qui concrétise le manque à être de tout être parlant. (Cf. Joseph GABEL. Etudes Dialectiques. Ed. Meridiens Klincksieck. 1990). C’est parce que le sujet témoigne de l’ancrage définitif et irrévocable de chaque un et de tous dans le symbolique, que l’aliénation qui en procède et qui se traduit par la prééminence de la parole, peut libérer des autres formes d’aliénation, irrespectueuses de la parole, tant leur prétention à la complétude incestueuse est grande et envahissante. Aussi, quels que soient les stratagèmes mis en place par l’aliénation sociale et ses diverses variétés, le destin tracé par l’aliénation signifiante permettra-t-il de ne pas se laisser enfermé dans un déterminisme qui se veut définitif et indépassable.

Désaliéner en légitimant l’altérité inhérente à la subjectivité, tout en subvertissant l’aliénation sociale -qui ne veut rien savoir de l’inconscient-, évite de succomber à la « folie de guérir », laquelle tend à fétichiser un savoir, qui prétend détenir le signifié, sans tenir compte du sens de la signifiance.

Alors que la réification et le fétichisme sont pathognomoniques du système de production et des rapports sociaux capitalistes, l’aliénation sociale, elle, pousse à établir une équivalence entre toutes les productions (S2), amalgamant celles qui nient la signifiance S1 à celles qui mettent en valeur celle-ci. Cette imposture, doublée de malhonnêteté intellectuelle, envahit la grande majorité des institutions qui prétendent soigner par obturation du vide et réparation du défaut de rapport sexuel, lequel défaut est congruent de « l’éternel féminin », en tant qu’il représente le point nodal de la beauté et de la vérité.

L’enjeu consiste donc à s’appuyer solidement sur le D.A pour s’émanciper et se libérer de l’illettrisme, plutôt que d’offrir la psychanalyse en pâture à des institutions, érigées en lieux de pillage et de pervertissement de la logique unilatère, mise en œuvre par l’inconscient. Les constructions bilatères (symptômes) nécessaires peuvent devenir évidables et dépassables, si la parole et l’écoute, sont privilégiées en même temps que la position qui les met en valeur, à savoir celle qui articule objet a, féminité et fonction paternelle. Une telle position est menaçante pour les théories médico-psychologiques qui, parce qu’elles privilégient un ordre de causalité évacuant toute implication du signifiant, deviennent des modèles de « pensée dédialectisée et réifiée » (J. GABEL), dont la visée consiste à englober dans une totalité, avec laquelle l’inconscient instaure une coupure mettant en évidence et en valeur l’aliénation signifiante. Ce type de rupture suscite des réactions d’hostilité, empreintes de violence, qui caractérisent certaines théories disposées à annexer le D.A , en le délestant de sa force unilatère et de sa dialectique moebienne, pour l’adapter finalement à une conception idéologique, pleine de méconnaissance, au service de l’aliénation et de la psychose sociales. L’allergie au « troumatisme », loin de se réduire à une blessure, est développée par les conceptions médico-psychologiques prédicatives et réifiantes. Elle s’accompagne du rejet de la féminité qui procède de ce « troumatisme », tout en le confirmant, sous forme d’une incomplétude créatrice, scellée par la dépendance irrévocable du signifiant. Quant à la présence furtive du sujet, elle requiert une lecture littérale de toute fiction, illustrée par ce principe essentiel : « un signifiant ne peut se signifier lui-même ». La lettre inspire l’esprit en l’orientant vers une éthique qui cesse d’idéaliser le signe pour restituer au signifiant sa primauté. Le primat du signifiant n’exclut pas le sens, mais évide sa prétention à s’identifier au signifié, en dégageant la signifiance de tout ce qui l’entrave, grâce à la polysémie et à l’équivocité, induites par l’organisation signifiante. L’élucidation des bévues, contenues par les constructions qui rejettent catégoriquement le primat du signifiant, destitue leur prétention à se faire passer pour la vérité absolue, surtout si elles s’autorisent du discours de la science pour mieux refouler le vide en l’obturant.

L’inconscient constitue une négation « spectrale » : il restitue le vide qui fonde toute proposition, préoccupée à nier la mort de l’essence, et à taire la disparition de l’être, confirmée et subsumée par l’ex-sistence du sujet. Il détermine des pratiques de la lettre, qui, même si elles privilégient l’existence, induisent à chaque fois –explicitement ou implicitement- une conception de l’essence à travers des interrogations concernant la transcendance, en l’occurrence celles qui ont trait à la structure, et plus précisément au vide qui y opère.   Ainsi que l’écrit Jean-Yves GIRARD dans « Le fantôme de la transparence » : « L’existentialisme, du fait de ses remises en cause systématiques, est, en effet, difficilement tenable. Ma position est, à l’opposé de cette exclusion, celle d’un dialogue entre existence et essence : la dialectique de l’œuf qui fait la poule et de la poule qui le lui rend bien ; ce qui ne privilégie aucun des deux termes ». Cette mise en continuité, qui constitue la littoralité à l’œuvre dans la psychanalyse, grâce au signifiant, coupe court aux divagations sur un métalangage idéal. Elle nous affranchit de certaines inepties répandues par la vulgate lacanienne, concernant par exemple le discours du maître, quasiment disqualifié par identification à la toute-puissance, alors qu’il est fondamentalement nécessaire au passage à d’autres discours. De même pour ce qui concerne la jouissance, qui, dans l’absolu, est prise en mauvaise part, alors que LACAN, dans le séminaire Encore, prévient que « s’il fallait une autre jouissance que la jouissance phallique, il ne faudrait pas que ce soit celle-là ».

L’inconscient anime une dialectique qui préserve l’incurabilité du défaut en en faisant la condition sine qua non de la guérison du symptôme en tant qu’il tente de s’opposer et de refuser ce qui ressortit à la structure du sujet, en proposant une alternative convoquant et impliquant les « supposés savoir », pour entretenir une illusion forte et tenace : celle de se libérer de l’incomplétude du symbolique, indissociable de la condition de parlêtre, qui consacre définitivement l’absence d’être. En même temps, la demande de récupération-restitution ontologique nourrit le symptôme, qui devient sa métaphore « contrariée », en ce sens qu’elle intègre aussi la division subjective, inhérente au parlêtre. Ainsi, le symptôme est la trace qui contient l’aliénation signifiante, à partir de laquelle et grâce à elle, la possibilité de se libérer- est réelle. Elle peut cependant être entravée par la demande de complétude ontologique, nourrie par ceux qui disposent du savoir et des moyens pour la satisfaire.

Déconstruire un édifice, qui met en œuvre une rationalité privilégiant la méthode objectiviste et scientiste, issue de la séméiologie psychopathologique classique –universelle et prête à l’emploi sans être soumise à l’évidement critique-, requiert d’autres acceptions de ce qui est généralement qualifié d’irrationnel et de déraisonnable. Il exige surtout pour ce faire de s’intégrer et de s’inclure à un problème dont on fait désormais partie (transfert), en vue de le défaire tout en le refaisant, à partir de nouvelles bases rationnelles, issues de celles qui étaient antérieurement retenues, maintenues et idéalisées, et qui s’ avèrent insatisfaisantes, grâce au « chantier » ouvert par le symptôme.

Le vide, concomitant à l’avènement du parlêtre et à l’enracinement dans la subjectivité, entendue comme la négation irréversible de toute ontologie, affecte les relations d’objet(s) en ôtant à tout objet la prétention à compenser et/ou à restituer une mythique plénitude d’être. Il substantifie l’ex-sistence et confirme l’imprédicativité et l’incomplétude du symbolique en soulignant le ratage de l’objet quant à la réalisation de la jouissance phallique. Tous les attributs (prédicats) et autres objets confirment le non-être en tant qu’il répète sans cesse l’imprédicativité, laquelle devient source d’un progrès métonymique, qui montre que l’Histoire ne cesse de métaphoriser la structure, soit pour la respecter –dans les moments fastes-, soit pour la bafouer et la piétiner-dans les moments les plus néfastes-. La métonymie soutient et suscite l’ « en plus », aussi bien que l’excès. Elle souligne et signifie ainsi d’autant mieux le ratage qui, faut-il le rappeler ?- ne consiste pas en un échec, mais matérialise et met au jour la structure.

Le vide, propre à la structure du sujet, transcende toutes les conceptions ontologiques, aussi bien en les déterminant qu’en les soumettant à l’évidement pour qu’elles engendrent d’autres transformations et de nouvelles conceptions le mettant en scène et en jeu. Son insaisissabilité, si elle est toujours métaphorisée, demeure cependant la matrice de suppositions et d’hypothèses, pouvant articuler prédicativité et imprédicativité. La création de nouveaux rapports impliquant une dialectique intégrant le vide, alimente une fonctionnalité, fondée sur la signifiance/objet a, qui cesse d’être refoulée à travers les extensions (S2) et objectalisations qu’elle génère. Elle renouvelle la présentification d’une absence permanente, rétive à toute suture quelles que soient les formes prédicatives qui tendent à la saturer, et qui en proviennent. Ainsi, une autre façon de penser, un autre entendement est désormais possible. Il est élaboré dès lors que dans la conceptualisation, ce qui est absent est pensé, et non plus exclu. La réification idéologique et scientiste est alors mise en échec, de même que l’inhibition et l’immobilisme de la pensée, commandés par le moi idéal et le surmoi. Le ratage, qui affecte le signifié en l’ajournant, ranime la fonction signifiante et mobilise l’incomplétude du symbolique, congruente du réel en tant qu’il reste éternellement implicite tout en donnant lieu à des manifestations concrètes, lesquelles, tout en paraissant objectives, renforcent son échappement, moteur de cette métonymie, qui place le sujet et l’objet dans « un rapport d’exclusion interne » (LACAN). Ce rapport singulier ne laisse entrevoir aucune extraterritorialité, en dehors de l’incomplétude du symbolique, qui donne ses lettres de noblesse au non-être, en tant qu’il fonde le sujet et assure son ex-sistence aux côtés du moi, toujours oublieux de sa juste place, notamment quand des idéologies prêtes à porter s’offrent à lui pour refuser le décentrement, essentiel au « drame » de l’être parlant, tel que Georges POLITZER le conçoit dans sa « Psychologie concrète », inspirée de l’œuvre freudienne. (Cf. « Critique des fondements de la Psychologie »).

En refusant –parfois violemment- le fait que « le moi n’est plus maître en sa demeure », bien des « demeurés » croient protéger leur moi de la négation du sujet, alors que c’est bien elle qui s’avère nécessaire à l’évolution du moi. Si ces rapports entre le moi et le sujet sont constitutifs de l’ex-sistence subjective, ils font écho au processus d’aliénation/séparation que LACAN aborde dans son séminaire «  Les quatre concepts fondamentaux », en éclairant la dialectique entre l’être et l’avoir, de sorte que quel que soit l’objet, quel que soit l’attribut, le manque à être reste indépassable, et le ratage inévitable pour spécifier la jouissance phallique en tant qu’elle détermine l’interdit et la Loi, favorables au désir, et partant au « plus de jouir ». Toutes ces négations, induites par la jouissance phallique, scandent aussi bien l’ex-sistence individuelle que la vie politique et collective. Celle-ci a tendance à pousser à la « d’hommestication » et à la réification pour mieux éradiquer le vide qui noue les trois dimensions (réel, symbolique, imaginaire) nécessaires à la vie et qui procèdent de l’aliénation symbolique de tous et de chacun, faisant de la singularité une articulation, une mise en continuité entre le différent et l’identique, l’un n’excluant aucunement l’autre, malgré leur distinction, voire leur opposition manifeste.

Une telle logique impose de changer d’entendement et de raison afin de s’affranchir au maximum de l’aliénation sociale qui exige des sacrifices, ceux qui sont consentis par exemple « aux dieux obscurs » pour obtenir la prétendue garantie de se libérer de l’incomplétude du symbolique, laquelle ressortit en vérité à l’impossible. Ainsi, si l’illusion de l’éradication du manque à être – inhérent à l’aliénation symbolique- est soutenue par des impératifs surmoïques outrageant le sujet -au bénéfice du moi-, alors une telle aventure ne peut conduire à terme qu’à une déception, puisque l’imaginaire renforcée par l’aliénation sociale, ne peut venir à bout de l’impossible en tant qu’il renvoie et met en évidence le réel, à partir de la structure du signifiant et de sa fonction.

Sacrifier son désir en se soumettant à un Autre qui propose, impose et/ou suggère de « bons objets » labélisés, autorisés, des objets assurant la complétude (jouissance phallique), et se libérer ainsi du « défaut de rapport sexuel », participe certes de et à l’aliénation sociale au détriment de l’aliénation symbolique ou signifiante, qui, elle, ne cesse de rappeler le ratage, fondateur de l’ex-sistence subjective, laquelle excède la vie sociale et peut, à ce titre, la subvertir, en mettant en cause ses assises « négativistes »(négativisme dans la psychose=rejet de la négativité subjective inhérente au non-être). Ainsi, favoriser une relative familiarisation avec les formations de l’inconscient en abandonnant les notions de « malades » et de « maladies mentales », permet à l’altérité de ne plus se réduire à une « inquiétante étrangeté », appelée à être éradiquée par des « spécialistes ». Une lecture de symptômes, interprétés comme des signes, dont un savoir maîtrise le sens et la signification, est radicalement inconciliable avec celle qui privilégie le signifiant et ses conséquences. Elle met en échec ipso facto le transfert, même si elle s’en targue !

Face à la « servitude volontaire » (LA BOETIE)) que l’aliénation sociale ne cesse d’accentuer grâce à la contribution d’un surmoi, répondant à la culpabilité inconsciente, issue du rejet de l’altérité et de l’acceptation du manque dans l’Autre, il reste tout de même la « servitude salutaire » (SPINOZA), de l’aliénation signifiante, c’est à dire la dépendance irréductible du signifiant, qui implique l’incomplétude du symbolique et le manque à être, issu du « troumatisme », inhérent au refoulement primordial.

Les rapports qui lient l’une à l’autre sont divers et nombreux. Ce qu’il est convenu d’appeler « l’aliénation mentale », à la suite de la psychiatrie, en représente un. Ils procèdent de choix dont les déterminations, plus ou moins méconnues, concernent la place accordée à la « béance causale » (LACAN), telle qu’elle est mise en jeu, même par ceux qui ne veulent rien en entendre, et qui « offrent » leurs symptômes aux « supposés savoir », censés avoir démystifié et démythifié pour eux-mêmes la fonction du savoir, prescripteur d’objet(s) de complétude et de plénitude, qui fait obstacle à l’advenue du sujet. L’être hait le sujet (comme négation, il consacre et rappelle sa mort), comme « l’hommosexualité » la féminité !

 

                                                                           Amîn HADJ-MOURI

                                                                                     29/10/16

 

 

 

 

N.B. : Les écrits que je publie sur le site de l’AECF sont des documents de travail censés susciter des commentaires et des critiques, qui peuvent prendre la forme d’écrits et/ou d’interventions orales au cours des séminaires, conférences, voire à l’occasion de réunions plus spécifiques comme les fameux « Impromptus » le laissaient envisager initialement.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *