A propos de:
Trente méthodes pour détruire la créativité des analystes en formation – Otto F. KERNBERG
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Je suis tombé sur cet article un peu par hasard… Je vous invite à aller lire ce court article plutôt amusant et assez parlant : de la dynamique qui a cours dans les nombreuses assos psychanalytiques. Il s’agit de celles qui prétendent à « former » les futurs psychanalystes avec la méthode de la psychanalyse didactique qui aura fait fuir LACAN, le premier, des grandes institutions telles que l’IPA. On y trouve un Kernberg très critique vis-à-vis du système hiérarchique qui y a court…
KERNBERG a choisi une drôle de façon de présenter sa critique puisqu’il y fait un exposé en négatif… Comme par ironie. Ironie bienvenue puisqu’on y croirait entendre certains chefs de meute psychanalytique… Une guerre des clans qui fait toujours rage et qui cause encore des tords à la discipline. J’ose croire que ma génération et les suivantes sauront faire montre de davantage d’esprit critique constructif. Critiquer pour faire avancer la discipline plutôt que pour décrédibiliser le « concurrent » voire l’éliminer du cercle ou le pousser à la démission.
On pourrait d’ailleurs critiquer Kernberg pour nombre de ses propos, notamment pour ceux qui l’ont rendu célèbre, autour de sa théorie des « États limites ». En l’occurrence, je considère que cette catégorie des « états limites » n’a pas lieu d’être pour la pratique de la psychanalyse (le repérage névrose-psychose suffisant à faire socle VS des catégorisations diagnostiques à outrance…). Reste que ce qu’il avance ici apparait toujours d’actualité. Les psychanalystes doivent se critiquer les uns les autres pour donner rigueur à la discipline face à ses nombreux détracteurs. Mais s’il s’agit de brosser le narcissisme secondaire dans le sens du poil, le risque est grand de se tirer une balle dans le pied… En psychanalyse, le maître pousse à se faire dé-maître : par ceux qui sont au travail et par les détracteurs de la discipline (qui auraient là une autre preuve pour la démontrer comme n’étant que « jeu de dupes »).
Face à de tels constats, les « passes extra-associatives » mises en place par « Dimensions de la Psychanalyse » paraissent être une réponse assez louables : notamment pour éviter les abus de pouvoirs et les usages pervers des relations analystes-analysants ou superviseur-supervisé, etc.
Reste un « impossible » : à éduquer, pourrait-on dire en référence à FREUD. Impossible formation de l’analyste, comme « un possible ». C’est certainement la dimension singulière de chaque passage de l’analysant à l’analyste qui doit le plus s’entendre ici puisque nous nous attelons précisément à considérer la subjectivité et ce qu’elle suppose de division ou d’aliénation (à ce qui échappe) et qui ressort de l’inconscient.
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Benoît LAURIE – 22 février 2022