LA RAISON BILATERE ET SES RUSES ENTRETIENNENT LE REJET ET LE REFUS DE LA CONDITION DE « DUPE DE L’INCONSCIENT » : LES « NON DUPES ERRENT ! » (LACAN) EN TRANSGRESSANT LA LOI DU DÉSIR.
Je débuterai mon propos par quelques évidences, dont celle-ci : il n’est nullement question de promettre de s’affranchir définitivement de quelque discours que ce soit, notamment celui « du maître ». Les opinions, issues de points de vue divers et variés, n’empêchent pas qu’elles ressortissent toutes à des discours dont la valeur tient à la place qui y est réservée au signifiant, et partant au sujet. Tous les discours, quel que soit leur niveau de refoulement de la structure du sujet et le degré de méconnaissance qui s’ensuit, restent dépendants du signifiant. Quant au discours analytique, dont la structure met en évidence son irréductible dépendance du signifiant via l’objet a et ses conséquences, il confirme – en raison même de cette dernière- l’impossibilité de « dire le vrai sur le vrai » (LACAN). Et ce n’est certainement pas l’écriture qui va servir à contourner ou à dévoyer cette impossibilité !
Le « troumatisme », qui caractérise la « dénaturation » partielle du corps, est fondateur de la lettre en tant qu’elle signe définitivement cette subversion qui donne lieu à une sexualité inédite, constituée d’un défaut conséquent au « troumatisme » : celui du rapport sexuel qui s’oppose radicalement à toute totalité ou unité Ce « troumatisme », correspond à l’incorporation du vide qui accompagne la satisfaction des besoins, assurée par un autre. Des échanges avec cet autre, advient l’Autre qui confirme et confère à « l’ex nihilo » une place centrale dans la structure du sujet : il donne consistance à la négation en tant qu’elle détermine la construction de toute réalité, toujours sous l’influence de choix, peu ou prou respectueux de la logique du signifiant, en vue d’accéder à une jouissance qui ferait échec au non-rapport. Il conditionne la littoralité qui articule des réalités distinctes, mais pourtant identifiées par leur dépendance du signifiant. Dès lors, le problème concerne plutôt le choix des différents modes de contrer les dérives univoques et totalitaires de discours qui récusent, en vain, le sujet et l’objet a, et tentent de faire échec à une altérité structurale irréductible, nuisible à l’infatuation du moi, que le discours du maître ne cesse de renforcer en recourant à diverses idéologies, dont le dessein est de faire accroire à une plénitude ontologique, aussi illusoire que funeste. Cette infatuation est source de nombreuses illusions imaginaires qui entretiennent des confusions entre ce qui ressortit à l’impossibilité, inhérente à la structure du sujet, et ce qui relève de l’incapacité ou de l’impuissance, toujours dépassables, mais à la condition impérieuse de ne pas transgresser cette structure que concrétise l’articulation signifiante. En effet, c’est parce qu’il est impossible qu’« un signifiant se signifie lui-même » qu’il peut « représenter un sujet pour un autre signifiant » (LACAN).
Jouir des ruses et des leurres que la raison bilatère développe dans certains discours -comme ceux du maître et de l’université-, revient à refuser -plus ou moins implicitement, mais toujours farouchement- la condition de « dupe de l’inconscient », en vue de continuer le galvaudage de la négation, inhérente à l’inconscient. Ainsi, les « non dupes errent » au nom d’une infatuation moïque, toujours accrue, pour mieux refuser leur dépendance de l’ordre symbolique et leur soumission à la loi qui le constitue, loi qu’ils ont déjà incorporée, tant et si bien qu’ils ne cessent de montrer, malgré leurs errements t leurs erreurs, qu’ils ne peuvent se départir du signifiant. La dépendance irréversible de « l’être parlant » de l’ordre symbolique obvie dès lors à tout « métalangage » qui compromet son altérité constitutive, et que l’inconscient matérialise à travers ses diverses formations, dont le mérite consiste à mettre au jour cette vérité qui fait échec au savoir et l’incomplète, au grand dam du moi et de sa raison ritualisée, voire fétichisée.
L’implication du « sujet supposé savoir » dans toute demande, peut servir de prétexte à la subversion du savoir par le biais de la mise en jeu de S (A barré) que le psychanalyste n’a de cesse d’animer, afin que « l’objet a » recouvre sa place et ouvre l’accès au discours analytique. La participation du psychanalyste, ses interventions, qui constituent son acte, sont soutenues par le transfert que le signifiant entretient. Cet acte vise le « bien dire » qui tient compte de l’échappement de la vérité en tant qu’il détermine et organise désormais tout savoir. La rencontre avec ce qui déborde ce dernier, marque une véritable coupure épistémologique qui redéfinit les rapports avec tous les autres discours, ainsi que les valeurs qui leur étaient attribuées. La vérité, née du « meurtre de la chose », confirme le signifiant en tant qu’il procède de ce « meurtre », et porte dorénavant en lui un écart irréductible avec le signifié, censé le compléter. Ce statut accordé à la vérité, confirme la valeur épistémologique du discours analytique en tant qu’il confère, grâce à l’objet a qui articule la dialectique spécifique de RSI, une scientificité certaine à la fiction. Cette scientificité provient de l’imprédicativité de toute fiction, qui fait écho à la raison unilatère (différences locales et identité globale), contenue et enfermée par la logique bilatère dominante mais nécessaire, dont le paradigme est « le discours du maître ». L’épistémologie à l’œuvre dans la psychanalyse ne vise en aucune façon l’advenue d’un discours épuré de toute scorie bilatère. Elle promeut « simplement » l’évidement de discours qui « prospèrent » en niant le fondement unilatère que leur assigne leur dépendance irréductible du signifiant.
La perte de toute essence humaine, mythique, (« La Chose ») qui préfigure « l’objet a » en tant qu’il la traduit) détermine toutes les quêtes de complétude ontologique, qui aggravent d’autant plus les dérives paranoïaques qu’elles sont vouées à l’échec, en raison de la structure du sujet qui advient et procède du « manque à être » en tant qu’il met en œuvre la négation constitutive de l’inconscient. Cette négation fait du vide la substance-même de l’inconscient. Corrélative du vide, auquel elle fait sans cesse écho, elle se concrétise par un ratage imparable : « le défaut de rapport sexuel », salutaire pour le sujet et l’existence qu’il détermine. Ainsi, la sexualité est le domaine par excellence des manifestations du sujet qui préserve « la vie » grâce au maintien sans réserve de ce défaut. Il présentifie continûment le sujet en articulant le ratage avec l’imprédicativité, inhérente au signifiant.
Malgré la valeur du vide, lié à la dépendance définitive du signifiant et de l’ordre symbolique, le maintien des illusions ontologiques persiste sous la pression des symptômes, comme des idéologies, qui sont mis au service du moi et de ses dérives paranoïaques. L’échec de celles-ci à garantir une quelconque plénitude ou une jouissance indue, permet à « l’objet a » de protéger le désir et la loi qui le constitue. « L’objet a, comme cause du désir » – métaphorise la subversion du corps que l’incorporation du signifiant provoque en consacrant une perte définitive et un défaut irréversible qui entérinent définitivement la dépendance de l’ordre symbolique. Il ne cesse de témoigner et de confirmer le « manque à être », lié à cette perte, et ce, quels que soient les objets convoités et les valeurs que leur confère le fantasme, propre à chacun (e).
Marqué définitivement par la perte de sa « nature première », le corps devient le lieu privilégié d’un échappement, qui redéfinit la sexualité en l’affranchissant de sa seule fonction de reproduction de l’espèce, et en la confrontant à un ratage inévitable, ordonné par un « manque à être » permanent er perpétuel, qui se traduit par « le défaut de rapport sexuel ». Le savoir, en butte avec ce défaut, cherche à le mettre en échec et à le maîtriser tout en ne cessant pas de méconnaître son caractère structural qui renvoie au statut de la vérité, toujours « mi-dite », inexprimable d’emblée et immédiatement. En résumé, le savoir est la confirmation que la vérité ne peut être que « mi-dite », en raison du primat du signifiant. Elle lui échappe et conditionne son progrès, même s’il persiste -imaginaire oblige- à la maîtriser, d’autant plus qu’il est cumulable. Déjouant son emprise, grâce à l’écart incomblable que le symbolique impose entre le signifiant et le signifié, elle luioffre les conditions mêmes de son progrès, lequel ne se résume plus à obturer cet écart ou ce vide fructueux qui la fonde. La vérité fait écho au signifiantdont l’incidence sur le corps se matérialise par une sexualité inédite et spécifique : sous l’égide du désir et des rapports particuliers entretenus avec les objets, censés être dévolus à la jouissance ontologique, le ratage est toujours au rendez-vous pour faire résonner le « défaut de rapport sexuel » avec le « manque à être ». La dépendance du langage et la soumission à l’ordre symbolique subvertissent définitivement le corps en y inscrivant unecoupure définitive, qui libèrepartiellement du déterminisme naturel,biologique. Cette coupure que l’ordre symbolique opère dans le corps relève de la lettre qui a aussi des effets sur le plan épistémologique entre le savoir et la vérité. Elle soutient tout acte, et notamment l’acte analytique, qui consiste à dépasser un type d’entendement et de discours pour accéder à un autre type de logique discursive, qui tiendra compte autrement de la place de la négation en tant qu’elle les fonde, en raison même de leur soumission au signifiant. Cette dernière détermine l’aliénation symbolique dont l’immuabilité se traduit par une division qui impose une altérité indépassable, dont les manifestations qui en témoignent « désarçonnent » le moi et le savoir qu’il leur oppose. C’est ainsi qu’on peut atteindre dans la névrose, le stade où le savoir ne souffre pas la vérité, et contribue à accentuer la haine de l’Autre. L’Autre est concomitant de l’Un et substitue « l’unarité » à l’unité en tant qu’elle présentifie constamment la béance du « manque à être » et son corrélat : le non-rapport, qui est à l’origine de tous les rapports sans qu’aucun d’entre eux ne parvienne à l’abolir en raison du primat du signifiant. C’est dans le rejet de l’Un et de l’Autre que gît la xénopathie, sous ses formes les plus hideuses et les plus horribles : l’antisémitisme et le racisme. Cependant, ce n’est pas parce qu’on est victime de l’un ou l’autre de ces derniers qu’on en saisit d’emblée les ressorts structuraux qui les déterminent et les définissent. Il suffit de porter attention à ce qui se passe tous les jours autour de nous, et qui provient, soit de comportements individuels, soit de politiques étatiques, comme celle par exemple de l’État d’Israël et de son système colonial, soutenu par les démocraties dites libérales. Minées silencieusement par les tares du capitalisme (exploitation à mort des corps pour s’assurer une plus-value de plus en plus exorbitante), celles-ci promeuvent des idéologies « naturalistes » et humanistes, bien pensantes, qui servent à les occulter et à les opacifier, quitte à préparer pernicieusement l’avènement du fascisme et du néo-nazisme, tout en « versant des larmes de crocodile » pour croire s’en exonérer ainsi.
Au réel nous tenons, tant par le symbolique que par l’imaginaire, et à lui nous revenons toujours, en raison même de l’impossible qu’il oppose résolument à toutes les illusions qui compromettent l’évolution et le progrès de tout « être parlant », qui n’est que parce qu’il parle, et parce qu’il parle, il n’est plus que « parêtre » et « semblant », nécessités par la structure qui le marque une fois pour toute.
Protéger les concepts fondamentaux de la psychanalyse des risques de pervertissement que la raison bilatère peut leur infliger en les galvaudant et en les dévoyant en les adaptant à la doxa et aux idéologies dominantes dont la prédicativité et l’univocité rejettent tout autre fondement théorique, établi sur un autre entendement que le leur. Préserver ce fondement et l’entendement qui lui est consubstantiel, ressortit à l’acte psychanalytique en tant qu’il met en évidence une béance fondatrice de la littoralité qui consolide la vérité en tant qu’elle échappe au savoir. A ce titre, celle-ci confirme la béance qui contribue au progrès de ce dernier, toujours inachevé. Cette conséquence « intellectuelle » de l’altérité, constitutive de tout être parlant, illustre l’aliénation essentielle du moi en tant qu’il est irréductiblement séparé de son être, à partir de quoi il ne peut que « se parer » en s’emparant d’oripeaux imaginaires destinés à combler la béance issue de cette séparation. Le désir en témoigne à travers les quêtes objectales qu’il ordonne, en vertu de la loi qui le caractérise et met en place un ratage inévitable, conforme à l’interdit propre à la jouissance phallique.
La lettre, marque du manque à être », se faufile toujours entre les lignes : elle ordonne le « discord » en soutenant le rapport métaphoro-métonymique. Ce rapport met au jour le ratage de toute métaphore quant à un éventuel achèvement de la métonymie, qui se soutient du vide qu’elle met ainsi en évidence. En sous-tendant le signifiant, la lettre souligne et confirme ce dernier, qui, comme assise et source de la littoralité, excède toute réalité et anime une temporalité transcendant la chronologie, sans pour autant que celle-ci exclut celle-là, et inversement.
A mon sens, la structure se définit par la compénétration d’instances différentes et distinctes, que LACAN a nommées : réel, symbolique, imaginaire. Cette compénétration préserve les particularités de chacune d’elles, tout en leur conférant une identité qui les conjoint selon un nouage que le vide fonde en organisant par la même leur « unarité » (unité sans confusion), respectueuse de leurs différences (l’instant présent n’exclut pas l’éternité et inversement, présence de l’un dans l’autre sans confusion entre les deux). Ce vide ne se réduit pas à un fâcheux hiatus, il fonde et anime une dialectique qui ne débouche sur aucune clôture, sur aucun achèvement quel qu’il soit. Définitivement immaîtrisable, il fait lui-même limite en ordonnant les rapports entre l’impossible, le possible, le nécessaire et le contingent. Aussi, n’y a-t-il pas de vide en soi, mais un vide producteur d’effets incessants, dont la nécessité n’exclut pas la contingence, car tous servent à le matérialiser ou à « l’objectiver », sans qu’aucun d’eux n’en vienne à bout, que ce soit en le comblant illusoirement ou en le refoulant par la méconnaissance qu’il commande. En fin de compte, ce vide, dans la structure du sujet, est aussi immanent que transcendant. Cette immanence transcendante procède de la dépendance du signifiant et de la subversion qu’elle opère sur le corps en donnant naissance à la sexualité, définitivement placée sous le règne du « défaut de rapport sexuel ». Cet achoppement irréductible et irrévocable est source d’enrichissement de l’ « ex-sistence »!
Si, à mon sens FREUD a pu être amené à écrire que « l’inconscient ne connaît pas la contradiction », c’est bien parce que la négation qui fonde la logique de ce dernier débouche sur une littoralité qui confirme la dialectique borroméenne entre des différences locales et leur identité globale en tant qu’elles procèdent et dépendent de l’ordre symbolique et de son incomplétude. Elle renvoie au vide que le signifiant met en jeu dans toute réalité, dont il détermine l’élaboration, et qui le révèle après coup en tant qu’elle le concrétise sans pour autant qu’il devienne saisissable et maitrisable, à l’instar du sujet et de ses « épiphanies » que mettent au jour les formations de l’inconscient. Le vide, mis en jeu par la chaîne signifiante, incomplète tout énoncé, quel que soit le discours dans lequel il s’inscrit. C’est ainsi qu’il l’excède et laisse place à d’autres compléments qui consacrent cette incomplétude structurale. Tous les prédicats accumulés s’avèrent impuissants à maîtriser le signifié et à assurer une prédicativité qui s’avère vaine et dont l’impossibilité procède de la structure même du signifiant.
La raison bilatère, à l’œuvre dans « le discours du maître », et au service de la prédicativité, sépare et incite au clivage pour « essentialiser » et renforcer l’arrogance illusoire du moi, farouchement réfractaire à la « non-identité à soi », mise en jeu par le signifiant. Elle tend à exclure les possibilités de mise en continuité moebienne entre ce qui est différent, distinct, et pourtant identifiés l’un à l’autre en tant qu’ils procèdent de la même source, à savoir le signifiant comme ressource de la signifiance. Elle récuse la dialectique qui s’appuie sur le vide (écart irréductible entre le signifiant et le signifié) pour articuler des différences et des oppositions locales en faisant émerger leur identité globale, maintenue implicite, refoulée et contenue par les manœuvres du moi, soumis à la domination de la raison bilatère. En renforçant ce dernier, celle-ci met en souffrance le sujet dont l’omniprésence, grâce à des manifestations constantes, précipite la mise en place de symptômes témoignant du tiraillement et de l’écartèlement entre le moi et le sujet, que la structure fait coexister et cohabiter nécessairement. Comment cette raison bilatère, mise en jeu par les extensions (S2), laisse entendre l’unilatère, d’une part, et comment la cure le fait résonner d’autre part, de telle sorte que l’une et l’autre s’articulent selon une dialectique fondée sur le vide et animée par lui, résume, à mon avis, une part essentielle de la tâche analytique.
Nier l’unilatère, conduit à des erreurs, à des errements et à des errances que des symptômes traduisent. Ils empêchent de prendre en compte son aire (ère) en tant qu’elle se matérialise dans une spatio-temporalité que le rapport métaphoro-métonymique concrétise et illustre. Si les « non dupes errent » sans cesse, c’est parce qu’ils érigent en dogmes, voire en diktats leurs constructions et leurs fictions, qui méconnaissent la logique unilatère instaurée par le « Nom du Père » (LACAN), qui obvie à l’hégémonisme du bilatère. La négation que mobilise et anime la fonction signifiante, fait faire des pas décisifs quant au franchissement du discours du maître, dont la prétention hégémonique se voit renversée. En effet, la négation qui procède du signifiant, structure ce dernier, malgré la méconnaissance qu’il met en œuvre et ne cesse de renforcer en s’alliant à d’autres discours qui ne veulent rien savoir de la lettre en tant qu’elle renvoie (infère) à l’ordre symbolique. Cet ordre s’ordonne autour d’une incomplétude radicale procédant de l’ex nihilo dont les bords, certes explorables, restent infranchissables, malgré les multiples tentatives de suture imaginaire que proposent les théories prédicatives. Le vide ou le trou, résultant de la subversion du corps par le signifiant qui instaure la subjectivité et ses lois, est matérialisé par les abords de ses bords, lesquels mettent au jour l’objet a, qui consacre la négation essentielle, fondatrice de l’ex-sistence. Elle favorise les tournants décisifs qui permettent les franchissements discursifs en tant qu’ils marquent, à chaque tournant et franchissement d’un discours, la reconnaissance de la place centrale de l’objet a. L’évidence de ce dernier procède de la fonction de la négation qui renverse les rapports habituels entretenus entre le savoir et la vérité, lesquels rapports représentent autant de résistances à l’inconscient et au sujet. L’acte analytique, sous-tendu par tout ce travail, rendu possible par la négation, ne saurait se réduire à abandonner un discours pour se convertir à un autre, plus idéalisé qui entretient encore plus la nostalgie des illusions totalitaires, alliées à « l’inconsolabilité » névrotique face au « manque à être », pierre angulaire de « l’ex-sistence ».
Pathognomonique du « discours du maître », la raison bilatère prend part à l’édification de fictions qui mettent en avant un réalisme tronqué et erroné, que le « discord », issu du signifiant, estampille en y laissant des traces, à partir desquelles un évidement devient possible. Cet évidement déconstructif, propre à la cure analytique, permet de mettre au grand jour l’unilatère et l’imprédicativité, qui confirment l’irrévocable ancrage signifiant de la structure du sujet. Alors que l’aliénation symbolique confirme ce dernier en induisant le « parêtre » et le « semblant » en tant qu’ils procèdent de la séparation, l’aliénation sociale, elle, nie complètement l’effet de « refente » dû à l’Autre, et entretient les illusions de souveraineté et de plénitude totalitaires, au service du moi, toujours prêt à exhiber les symptômes qu’il construit pour dénoncer la souffrance que lui cause le sujet en tant qu’il s’oppose à ses dérives mégalomaniaques.
Amîn HADJ-MOURI
22 MAI 2023