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ARGUMENT
[ Voir les Arguments des intervenants, en bas de page]
L’humanité, dans son ensemble, est sortie profondément blessée et meurtrie par les exactions, et surtout par la « solution finale », perpétrées par le nazisme.
A l’issue de l’occupation nazie et de la collaboration pétainiste, le pouvoir gaulliste a accepté, voire favorisé des expériences originales et novatrices. C’est le cas de la Psychothérapie institutionnelle (P.I).
En s’appuyant explicitement sur la psychanalyse et le marxisme, elle a donné une direction et un sens nouveaux à l’approche et à la prise en charge des « maladies mentales », notamment au sein des institutions psychiatriques, appelées dès lors à se « métamorphoser », sous l’impulsion des travaux de F. TOSQUELLES, G.DAUMEZON, L.BONNAFE, J.OURY, et d’autres encore, fortement marqués par leur engagement dans la résistance contre le fascisme et le nazisme.
Vu ce qui se trame pour les institutions de soins aujourd’hui, il est grand temps de se demander pourquoi l’essor et l’influence de la P.I n’ont pas réussi à préserver celles-ci des théories de dressage adaptatif, issues d’un humanisme, gros de totalitarisme univoque.
Nous reconsidérerons les fondements théoriques de la P.I en analysant les pratiques qu’elle a engendrées, et qui révèlent la place qu’elle accorde au sujet de l’inconscient.
Qu’est ce qui a fait défaut à la P.I pour qu’elle soit si vite délestée de ses deux matrices théoriques originelles?
Quelles raisons peuvent expliquer que la P.I n’ait pas pu favoriser l’émergence d’un discours capable de subvertir les approches médico-psychologiques, partagées par tous les négateurs du sujet : politiciens et autres gestionnaires de la santé mentale, notamment?
Comment redonner place au sujet afin de le rappeler à l’aliénation signifiante dont il procède et qu’aucune forme de contention -physique, chimique, idéologique, marchande, ou autre- ne saurait empêcher ?
Autour de ces questions -et de bien d’autres encore- nous tenterons d’ouvrir des perspectives qui tiendront compte de l’état général de l’aliénation sociale actuelle, liée au déchaînement de la « soft barbarie » capitaliste.
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[acc_item title= »LIEU »]23 rue Malus à LILLE [/acc_item]
[acc_item title= »TARIFS »] 50€ / 20€ (adhérents) / 10€ (étudiants)
Pré-Inscription, par courier: AECF, 6 rue Henry Bossut, 59100 ROUBAIX (chèque à l’ordre « AECF »)[/acc_item]
[acc_item title= »INTERVENANTS »]
Guy DANA (Psychiatre et Psychanalyste, Président du Cercle Freudien, auteur de : « Quelle politique pour la folie?Le suspense de Freud « (Stock))
Jean SIBEUD (Ancien médecin généraliste, psychiatre, psychanalyste. Médecin-directeur au CMPP H Wallon de Roubaix. )
Patrick CHEMLA (Psychanalyste.Membre du Cercle Freudien. Membre fondateur du Collectif des 39.Dirige un pôle de psychiatrie à Reims, orienté par la praxis du Centre Artaud.Directeur de collection ERES (colloques de la Criée)
Franck CHAUMON (Psychanalyste – Paris)
René LEW (Psychanalyste. Membre fondateur de Dimensions de la Psychanalyse [Dimpsy] – Paris)
Emmanuel BRASSAT (professeur de philosophie à l’Université de Cergy-Pontoise et engagé dans la formation des enseignants depuis une vingtaine d’années au sein des IUFM et ESPE).
Yann DIENER (Psychanalyste – Paris)£
Amîn HADJ-MOURI (Psychanalyste, Membre fondateur de l’AECF-Lille, et membre de DIMPSY)
Joseph MORNET (Joseph Mornet est psychologue et psychanalyste à Montpellier. Il a notamment publié « Le corps et la psychose », « La psychothérapie institutionnelle : histoire et actualités », « Le petit guide illustré de l’accréditation » et « Une introduction aux psychothérapies » (Champ social éditions)).
Dominique GUEVENOUX (Psychanalyste membre de l’AECF-Lille et de DIMPSY)
Adrien LEFEBVRE (Assistant de service social en CMPP, membre de la FDCMPP)
Pierre SMET (Psychanalyste, membre d’Acte psychanalytique (Bruxelles) et de DIMPSY)
Michel ROUSSAN (Psychanalyste / « Psychiste »)
Benoit LAURIE (Psychanalyste, Président de l’AECF-Lille)
Thierry SIMONELLI… (Psychanalyste au Luxembourg. Membre fondateur de la Société Psychanalytique du Luxembourg. Docteur en philosophie et en psychologie) [/acc_item]
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PROGRAMME
Samedi
Matin
- Accueil : 8H45-9h15
- 9H15 – 9H30: Allocution d’ouverture
Benoît LAURIE (Président AECF Lille)
- 9H30 – 10H00 : Jean SIBEUD
« Cinq ans à La Chesnaie … et après? »
- 10H00 – 10H30 : Michel ROUSSAN
“les administrations s’opposent aux pédagogie et psychothérapie institutionnelles. »
- 10H30 – 10H45 : Discussion
- 10H30 – 10H45 : Pause
- 11H00 – 11H30 : Adrien LEFEBVRE
« Un A.S en institution »
- 11H30 – 12H00 : Guy DANA
« A quelle conditions le secteur devient-il un outil analytique pour les psychoses? »
-
12H00 – 12h15: Discussion
Après-midi
- 14H15 – 14H45 : Franck CHAUMON
« Singularités et pluralité : une politique désaliéniste? »
- 14H45 – 15H15 : Patrick CHEMLA
« A contre courant, la PI à l’œuvre au Centre Artaud de Reims »
- 15H15 – 15H30 : Discussion
-
15H30 – 15H45 : Pause
- 15H45 – 16H15 : Yann DIENER
« Psychothérapie institutionnelle » et banalisation du terme psychothérapie dans lalangue lacanienne »,
- 16H15 – 16H45 : Amîn HADJ-MOURI
« La psychothérapie institutionnelle : un aliénisme qui ne dit pas son nom »
- 16H45 – 17H00 : Débat
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Dimanche
Matin
Ouverture: 9H30 – 10H00
- 10H00 – 10 H30 : Dominique GUEVENOUX
« Ne pas pouvoir refuser « l’altérité » n’implique pas » un lien social sur ordonnance » mais le repérage d’un égoïsme de qualité relevant d’un retour à l’impuissance du narcissisme primaire, – phi »
- 10H30 – 11H00 :Joseph MORNET
«Capitalisme, pulsion de mort et psychothérapie institutionnelle »
- 11H00 – 11H15 : Pause
- 11H15 – 11H45 : Pierre SMET
« Idéologie réductrice et mouvement contre l’existence de la psychanalyse en soi »
- 11H45 – 12H15 : Débat
Après-midi
- 14H15 – 14H45 : Thierry SIMONELLI
« La psychanalyse, entre la peste et la lèpre. »
- 14H45 – 15H15 : René LEW
« L’institution soigne-t-elle par elle-même? »
- 15H15– 15H30 : Pause
- 15H30 – 16H00 : Emmanuel BRASSAT
« Les conséquences pédagogiques de la psychothérapie institutionnelle dans les milieux de l’Education nouvelle : théories et pratiques. »
- 16H00 – 16H30: Débat
- 16h30 : Conclusion – Fin des travaux
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ARGUMENTS DES INTERVENANTS
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[acc_item title= »INTRODUCTION – Benoit LAURIE »]
La PI nait dans l’après-coup de la 2nde GM et d’un des socles majeurs des horreurs qui l’ont caractérisée: le rejet de la différence et de l’altérité dans son extrémité la plus folle: l’extermination (du différent).
L’extermination des agités comme traitement non plus du trouble éprouvé par l’un de nous mais comme traitement du nous: c’est l’épuration des différents dans l’ordre social.
La psychiatrie, dans son histoire (histoire de la folie à l’âge classique (Foucault)) s’est montré pervertie par cet ordre social qui se cure desdifférents: façon de signifier qu’elle n’en a cure (qu’elle ne s’en soucie pas), au sens d’une dénégation… De fait elle cherche à dénoncer la différence.
La psychanalyse, elle, se fonde de la re-connaissance du différent; différent caractérisant l’avoir comme seule saisie possible pour le sujet en extension. Ce qui ressort de l’être, en intension, ne saurait se savoir, pour chacun, que depuis: les objets, les avoirs qui passent, notamment dans ce qui se dit.
S’il y a à reconnaître, c’est que ce (ça)n’était plus connu, restant insu.
Le trouble relève donc de la négation de ce qui fait essence pour le sujet, du fait de son aliénation à l’Autre.
(…)
Comment l’institution soutient-elle la démarche du praticien dont l’ambition est cet impossible: guérir/soigner?… Comment l’aide-t-elle à alléger ses prétentions au confort et à la facilité pour donner toutes leurs places aux failles et au désir? Et comment le praticien soutient-il cette institution dans son ambition, peut-être folle, qui est celle de vouloir faire entendre (faire – se faire = dialectique de la pulsion) les « in-entendables », les « incasables »?
Comment traite-on au mieux les différences?
(…)
Il semble qu’il y ait une terrible confusion entre la reconnaissance des différences – lesquelles sont bel et bien nécessaires- et l’exclusion des différents(exclusion dont on devrait se passer).
Confusion ou trouble de l’ordre symbolique propre à la folie. Cette folie se rapporte à la psychose sociale: c’est-à-dire à l’obligation insidieuse d’usages communs et à l’interdiction du reste.
La psychose sociale se rapporte à ce qui devrait faire vérité pour tous, au nom de la bonne morale, de la bonne cause, de la bienséance, et cela dans la négation de ce qui fonde le chacun participant à ce « tous ».
Ce « chacun »témoigne du Je commun. La seule chose que l’on ait en commun, fait que quoi que l’on fasse, on ne peut pas tous s’entendre (ou se comprendre, ou se mettre d’accord, si vous préférez). Nous avons tous en commun la différence.
Reconnaitre ce commun, c’est reconnaître la seule égalité qui soit (au-delà des prétendues égalités sociales et de leur pendant réel, négativé : les inégalités sociales).
Cette égalité semble avoir été entendue dans les démarches de la PI… Dans la possibilité que chaque Un de l’institution puisse y prendre part (aux décisions des règles de l’institution, notamment).
Tous égaux sauf peut-être le « médecin-chef » qui semble entretenir une certaine incarnation du père. Est-ce nécessaire ?… Quant à considérer qu’une « constellation transférentielle » puisse être constituée par les soignants qui permette de remettre en « un morceau » tout ce qui ressort d’un sujet « morcelé »… Comme si ses extensions permettaient de tenir son intenSion. Voilà encore l’illustration d’une illusion nourrie de négation de la béance structurale (Intension –bord/béance–extension).
Les conditions de l’émergence de la PI étant posées, le constat des désillusions des pratiques qui s’ensuivirent étant reconnus, reste à se mettre au travail.
J’en appelle à ceux qui interviendront au cours de ces journées à dépasser les constats par le témoignage de leur propre mise à l’épreuve des aléas de la logique pulsionnelle.
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[acc_item title= »Emmanuel BRASSAT »]
Les mouvements dits d’Education nouvelle comportaient dans leur ensemble, cela dès leur définition propre durant au début du vingtième siècle, des conceptions coopérative et autogestionnaire du fonctionnement des collectivités scolaires ou des écoles actives basées sur l’autonomie des élèves ou des enfants. Ce fut également le cas de l’école moderne de C. Freinet. Au sein de ces mouvements et à des titres divers, sous l’influence de la psychiatrie institutionnelle, de la psychosociologie, de la psychanalyse, des conceptions politiques socialistes et anarchistes, de la philosophie critique, apparut après la deuxième guerre mondiale l’idéal d’une pédagogie institutionnelle plus ou moins calquée sur le modèle des institutions psychiatriques alternatives telles que les avaient imaginées Tosquelles. Antiautoritaires, démocratiques, autogestionnaires et favorables à l’exercice collectif de l’autonomie individuelle et de l’émancipation, cette pédagogie donna lieu à des formes originales de fonctionnement scolaire faisant place à l’autodétermination et à la reconnaissance de la place du désir et de l’inconscient dans la socialisation et la subjectivation. Comme dans la psychiatrie institutionnelle, on y retrouve un fonctionnement délibératif horizontal qui donne lieu à la fois à l’expression dialectique d’un pouvoir instituant et d’un pouvoir institué dont la forme canonique est celle du conseil et le quotidien l’auto-organisation de l’activité. A partir de son instauration fonctionnelle, il fait reposer le groupe-classe et ses activités sur la règle dite des quatre L, instaurées par F. Oury, lui-même instituteur et analysant, également frère de J. Oury. Soit une définition du commun qui implique les notions et places qui font : limite, lieu, loi et langage. Cette pédagogie pratiquée dans des écoles publiques et alternatives, donna lieu à diverses expériences éducatives dont on peut aujourd’hui encore suivre la trace et l’influence dans les institutions scolaires. Et si l’inspiration psychanalytique en fut l’élément moteur, décisif et original, aux côtés des techniques Freinet, elles ne furent pas toutes identiques, car mêlant à des degrés divers des orientations philosophiques, sociologiques, thérapeutiques, pédagogiques, psychopédagogiques et politiques divergentes. Que furent-elles ? Quelles traces ont-elles laissées ? Quelles contradictions et difficultés ont-elles rencontrées ? En quoi ont-elles donné lieu à des pratiques sociales et éducatives «psychanalytiques» ?
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[acc_item title= »Patrick CHEMLA »]
je tenterai d’exposer une expérience sur la longue durée, débutant en 1980 sous les auspices de l’antipsychiatrie et de la psychanalyse et rencontrant en chemin la PI. Rencontre avec le transfert psychotique et quelques patients qui furent mes meilleurs maîtres en psychiatrie. Rencontres avec les fondateurs du mouvement : grands cliniciens toujours aussi subversifs et « maîtres libertaires ». J’insisterai sur l’absence d’un modèle ou d’une « bonne forme » de la PI. Je ne crois pas à un manque conceptuel, mais a un changement radical d’époque. Cest le politique et le néolibéralisme déchaîné qui détruisent PI et psychanalyse accouplés désormais dans une haine explicite de l’inconscient freudien. Il nous manque l’énergie militante pour soutenir nos praxis dans cette adversité et tenter malgré tout de transmettre une méthode subversive.
Ce que nous continuons de faire à Reims et dans quelques îlots.
Cette situation pose un défi politique aux analystes. Allons-nous tenir bon ensemble ?
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[acc_item title= »Franck Chaumon »]
Qu’un tel colloque puisse être organisé aujourd’hui est réjouissant, et laisse espérer que des lectures distinctes soient confrontées. Plus que de dérouler le fil de l’aliénation contemporaine il s’agit donc d’interroger ce qui, dans les fondements du mouvement critique de l’après-guerre, aura fait obstacle aux changements structurels espérés.
Dans l’immense champ ouvert par cette problématique, je voudrais faire valoir une différence, celle qui se soutient d’un nom, celui de Lucien Bonnafé, et d’un signifiant inventé par lui, le désaliénisme. Ceci permettra de déplacer la perspective émancipatrice sur le terrain qui est le sien me semble-t-il, à savoir celui du politique. La pluralité des discours en est un des aspects.
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[acc_item title= »Guy Dana »]
En introduisant la notion de traduction, de conflictualité et de perspective à travers une pluralité de lieux il est possible de construire une socialité pour les psychoses tout en maintenant une élaboration (bewältigung chez Freud)
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[acc_item title= »Dominique GUEVENOUX »]
Ne pas pouvoir refuser « l’altérité » n’implique pas » un lien social sur ordonnance » mais le repérage d’un égoïsme de qualité relevant d’un retour à l’impuissance du narcissisme primaire, – phi »
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[acc_item title= »Adrien LEFEBVRE »]
J’évoquerai mon expérience d’Assistant de Service Social au sein de CMPP d’orientation(s) analytique(s) ?, sous la forme d’une chronique.
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[acc_item title= »Joseph MORNET »]
Capitalisme, pulsion de mort et psychothérapie institutionnelle
Nos sociétés entendent réduire l’homme à une fonction de « pièce » au service d’un nouveau totalitarisme économique et politique, en jouant sur le jeu délétère des pulsions de mort. Face à cette emprise les outils forgés par la psychothérapie institutionnelle constituent une référence fondamentale.
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[acc_item title= »Michel ROUSSAN »]
Les deux champs dits « institutionnels », psychothérapique et pédagogique, ont affaire à des processus subjectifs identiques. De l’instituant à l’institué l’évidence paraît tracée et ne requérir que les moyens d’une mise en œuvre. Néanmoins, si désir et loi s’articulent d’une équivalence, du singulier à l’universel un impossible fait reste, irrationnel, subversif, dont l’un tient compte et que l’autre tend à éliminer. La question se pose alors d’identifier ou non l’instituant à ce reste.
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[acc_item title= »Jean SIBEUD »]
Mon propos portera sur ma rencontre avec la psychothérapie institutionnelle, ce que j’ai pu y apprendre, et le nécessaire regard critique 37 ans plus tard.
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